Mon chat

Publié le par Amy Madison

 

Je sens mes paupières gonflées de fatigue, j'ai beau m'escrimer à garder les yeux ouverts, je n'y arrive pas. Je ne dois pas m'endormir, pas encore, contrer cette immense fatigue qui cherche à m’envelopper, m'emmener dans un autre monde.

Je dois attendre, il le faut, alors je me redresse et je fais quelques pas mal assurés, j'avance droit devant moi, mais ma perception de tout ce qui m'entoure s'estompe doucement, je suis noyée dans une brume blanche.

C'est irréel, les meubles ont disparu, avalés par des ombres mouvantes qui balancent et tanguent comme un bateau emporté par le roulis des vagues. Où suis-je? Je ne reconnais rien autour de moi, tout est flou. Et le noir peu à peu s'insinue dans ce décor incertain, des ombres m'entourent, je sens leurs mains froides me toucher, m'attirer vers un néant irréversible.

Lourdes, mes paupières trop pesantes s’affaissent et je rejoins l'obscur des ténèbres, mais dans ce noir, une douce lueur apparaît, qui s’agrandit de plus en plus, une lumière reposante envahit tout mon être. J'ignore si je rêve, ou si encore je lutte contre l'emprise du sommeil, je n'ai plus la sensation de marcher, mais j’avance, je me déplace entourée à présent par cette lueur en moi et en dehors de moi.

Deux yeux fixes suspendus me fixent intensément, des yeux verts immobiles, ils m'attirent irrésistiblement, de plus en plus près, des yeux qui me parlent, qui me bercent de douces paroles mélodieuses.

Est-ce un cauchemar? Ma pensée est toujours présente, pourtant ma volonté s’effiloche de plus en plus, je le sens, je sais que je ne suis plus capable de lutter contre le sommeil. Et toujours ces yeux qui ne quittent pas mon regard, un souvenir, l'amour d'une vie que je déserte.

Le néant m’emporte, je tombe, je sens l'air me frôler au passage, j'entends des chuchotements confus, puis des bruits autour de moi, j'ouvre les yeux, la brume s’éclaircit, je vois un mur immaculé, un visage qui me sourit avec dans le regard de la pitié.

— Et bien Madame, vous revenez de loin.

Devant mon air interrogateur:

— C'est votre voisine qui nous a alertés, votre chat miaulait comme un possédé, vous étiez déjà inconsciente quand vous êtes arrivée à l’hôpital.

— Mon chat?

— On peut dire qu'il vous a empêché de réussir votre tentative de suicide. Une bien brave bête !

 

                                 Auteur : Amy Madison

Publié dans Nouvelle

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